Les emprunteurs hypothécaires s’adaptent aux taux d’intérêt plus élevés

Le 25 mai 2023

Aperçu des résultats

  • Les emprunteurs hypothécaires adaptent leurs habitudes d’emprunt aux taux d’intérêt plus élevés.
  • L’augmentation de la dette à la consommation représente toujours un risque systémique. Certains ménages ont de la difficulté à rembourser leurs dettes.
  • Les prêteurs non traditionnels se montrent prudents en raison du financement limité disponible.
  • Une proportion accrue d’emprunteurs hypothécaires qui ont recours à des prêts non traditionnels renouvellent leurs prêts chez leurs prêteurs non traditionnels. Il est en effet difficile d’être admissible à un prêt traditionnel.

Notre Rapport sur le secteur des prêts hypothécaires résidentiels fournit une analyse économique du secteur des prêts hypothécaires résidentiels au Canada. Notre équipe de recherche examine les plus récentes données sur les prêts hypothécaires assurés et non assurés pour tous les types de prêteurs. Elle détermine et analyse ensuite les tendances émergentes dans le secteur canadien des prêts hypothécaires résidentiels.

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Transcription

(Musique : fondu en ouverture)

(Visuel : Le logo du Gouvernement du Canada et le logo de la SCHL apparaissent ensemble. Une série d’images illustrant des logements au Canada.)

0:00:03

CHRISTELLE : Le Rapport sur le secteur des prêts hypothécaires résidentiels fournit une analyse du secteur hypothécaire au Canada. Il examine les dernières données sur les prêts hypothécaires assurés et non assurés de tous les types de prêteurs et fournit des détails sur les tendances émergentes dans l’industrie.

(La musique s’estompe.)

(Visuel : Deux personnes sont représentées en conversation. Ils sont assis l'un en face de l'autre à une table de réunion. Les deux personnes sont Christelle Legault, Communications et marketing, SCHL, et Tania Bourassa-Ochoa, chercheur en logement, SCHL.)

0:00:18

Bonjour. Je m’appelle Christelle Legault et je suis accompagnée aujourd’hui de Tania Bourassa-Ochoa, experte en recherche en matière de logement et chercheur principal de ce rapport. Bonjour, Tania, et bienvenue.

0:00:29

TANIA: Bonjour, Christelle. Merci.

0:00:30

CHRISTELLE : Donc, Tania, nous savons que l’inflation a augmenté et les taux d’intérêt aussi ont beaucoup augmenté, ce qui fait en sorte que ça influence beaucoup l’endettement des Canadiens. Nous allons parler de ça dans un instant. Pouvez-vous nous expliquer un peu qu’est-ce qu’on voit, c’est quoi les dernières tendances dans l’industrie qu’on voit, en ce moment?

0:00:49

TANIA : Oui, absolument. Donc, en fait, selon les dernières données de 2022, ce qu’on voit, c’est qu’avec toute l’incertitude économique, avec le coût du crédit qui a augmenté significativement et aussi la confiance des ménages qui, elle, a été impactée négativement, eh bien, on voit que les consommateurs hypothécaires sont en train de changer leur comportement financier et, donc, sont vraiment en train de réagir à cette hausse des taux d’intérêt.

0:01:19

CHRISTELLE : Vous mentionnez un changement de comportement, ce qui fait beaucoup d’allure, avec les conditions économiques comme elles sont. Mais c’est quoi exactement les changements de comportement qu’on voit?

0:01:29

TANIA : Bien, en fait, premièrement, on voit qu’ils vont choisir des taux fixes à court terme. Donc, on parle du deux ou trois ans, quand, historiquement, on parlait plus de cinq ans. Donc, ça démontre vraiment qu’il y a une anticipation que les taux d’intérêt vont baisser. On voit aussi qu’il y a moins de demandes pour le refinancement. Donc, les refinancements ont baissé de 32 %. Aussi, on voit qu’ils vont choisir des plus longues périodes d’amortissement. Donc, ça veut dire qu’ils vont payer leur propriété sur une plus longue période de temps, mais à court terme ça vient diminuer le paiement hypothécaire.

Aussi, l’autre chose à considérer, c’est que dans le contexte où c’est plus difficile de se faire approuver pour un prêt avec le secteur conventionnel, eh bien, on voit une demande accrue du côté des prêteurs alternatifs.

0:02:23

CHRISTELLE : Donc, c’est intéressant qu’on voie une augmentation du côté des prêteurs alternatifs. C’est quoi exactement ce qui se passe de ce côté-là?

0:02:31

TANIA : Bien, en fait, juste pour vous mettre en contexte, les prêteurs alternatifs, c’est des prêteurs qui sont non réglementés, qui vont offrir des prêts à très court terme, un an ou deux ans, et des taux d’intérêt significativement plus élevés. Habituellement, ils vont viser une clientèle qui est plus… qui a un historique de crédit plus difficile ou qui n’a pas d’historique de crédit, comme les nouveaux arrivants, mais aussi des gens comme des travailleurs autonomes, par exemple.

Par contre, maintenant dans un contexte où les taux d’intérêt ont augmenté, où les régulations du côté hypothécaire sont en place, eh bien, c’est encore plus difficile de se faire approuver dans le secteur conventionnel et on voit une demande vraiment accrue du côté des prêteurs alternatifs, si bien que leur part de marché est passée de 3,2 % à 10 % du côté des nouveaux prêts qui ont été émis.

Par contre, il faudrait dire que le capital est quand même limité dans cette industrie-là et, donc, le prêteur va pouvoir choisir et, donc, sélectionner les prêts qui vont pouvoir être approuvés finalement. Donc, ce n’est pas tout le monde qui va pouvoir avoir un prêt de ce côté-là.

0:03:50

CHRISTELLE : Donc, vu qu’on voit une augmentation, on est maintenant rendu à 10 % de parts de marché pour les prêts alternatifs, est-ce qu’il y aurait une inquiétude pour l’économie, surtout dans des villes comme Toronto et Vancouver, qui sont peut-être des gens ou des prêteurs qui vont aller chercher des prêts alternatifs?

0:04:10

TANIA : Oui, effectivement. Donc, c’est vraiment que, comme à Toronto ou Vancouver, on va voir des parts de marché plus importantes. Quand on regarde du côté de l’industrie dans son ensemble, on voit que leur profil de risque est quand même assez bas. Donc, les reprises de finances, les taux de délinquance sont quand même à des niveaux assez bas. Même quand on regarde les ratios prêt-valeur, on est à des niveaux de 75 %. Donc, dans un scénario hypothétique où les prix devaient baisser et où les emprunteurs ne seraient pas en mesure de payer, eh bien, il y aurait une marge de manœuvre pour rembourser.

Par contre, comme je mentionnais, beaucoup plus de gens qui rentrent dans ce segment-là, mais aussi les gens qui y sont déjà se retrouvent dans l’obligation de renouveler leur prêt à des taux beaucoup plus élevés, donc on reste dans un prêt à taux élevé, et donc l’abordabilité peut effectivement demeurer un enjeu pour ces ménages qui se retrouvent parfois dans des situations financières un peu précaires.

0:05:11

CHRISTELLE : Donc, au niveau de l’abordabilité, nous savons que, d’après les dernières données de Statistique Canada, un Canadien sur trois possède un prêt hypothécaire à taux variable, ce qui fait en sorte que ça se traduit en paiements plus élevés pour ces gens-là et, des fois, on peut même voir des gens qui paient le double de ce qu’ils payaient l’année passée. D’après notre dernière enquête auprès des consommateurs hypothécaires, ils ont indiqué que 74 % de ces emprunteurs se sentent affectés ou seront affectés par la hausse des taux d’intérêt dans les mois à suivre ou prochainement. Aussi, il y a un article de notre économiste en chef adjoint qui a parlé de l’endettement des ménages au Canada et que 75 % de cette dette est une dette hypothécaire. Donc, est-ce qu’il y aurait lieu à craindre que les gens ne seront peut-être plus en mesure de faire des paiements de leur prêt hypothécaire?

0:06:10

TANIA : Bien, en fait, j’aimerais juste commencer par statuer que l’endettement des ménages demeure quand même et encore une source importante de vulnérabilité pour la stabilité financière au Canada. Donc, effectivement, les ménages canadiens se retrouvent avec des niveaux records de dettes. Dans un contexte aujourd’hui, les taux d’intérêt sont plus élevés, le coût de la dette est plus élevé et le coût de la vie aussi est plus élevé. Donc, on s’est penché sur la question.

Quand on regarde du côté des taux de délinquance des prêts hypothécaires – ça veut dire qu’un consommateur n’aurait pas payé son prêt depuis plus de 90 jours – eh bien, on voit que, malgré qu’il y a une légère augmentation, on reste à des niveaux super bas quand on compare ça à la période des 30 dernières années. Par contre, les taux de délinquance, c’est un indicateur qui est, on dit, arriéré, dans le sens où même si un ménage se retrouvait dans une situation financière précaire, on ne le verrait pas immédiatement sur les taux de délinquance hypothécaire. Par contre, on le verrait sur d’autres produits de crédit.

Donc, quand on regarde du côté des cartes de crédit, des prêts auto et même des marges de crédit, eh bien, là on voit une augmentation et ça nous indique, en fait, qu’il y a certains ménages qui ont de la difficulté à rembourser leurs dettes.

0:07:37

CHRISTELLE : Oui. Puis c’est bon d’avoir un portait, de toute façon, de savoir ce qui se passe. Donc, le Rapport sur le secteur des prêts hypothécaires résidentiels, c’est un rapport qui est quand même assez nouveau à la SCHL. Vous avez mené ce projet depuis… assez longtemps. Comment est-ce qu’on est arrivé à ce rapport, puis pourquoi?

0:07:56

TANIA : Oui, bien, en fait, cette histoire commence en 2014. À l’époque, on avait un marché hypothécaire teinté par l’incertitude, beaucoup d’incertitude, puis il y avait un consensus assez clair de l’industrie, mais aussi la communauté des économistes pour dire qu’il y avait des lacunes assez importantes des données et des connaissances dans toute la question du financement du logement. Donc, la SCHL a mené plusieurs initiatives dans le but de collecter des données, mais de les rendre publiques, de les rendre disponibles publiquement, finalement. Donc, ce rapport, c’est vraiment le résultat de toutes ces initiatives-là. Ça nous permet de raconter l’histoire sur les marchés hypothécaires; ça permet aux entreprises de faire des décisions qui sont peut-être plus éclairées en termes de risque et aussi des faiseurs de politiques de prendre des décisions plus éclairées. Donc, en rendant les marchés plus transparents, j’aime bien croire qu’on contribue à la stabilité financière, ce qui est vraiment la fondation pour atteindre l’abordabilité du logement au Canada.

(Musique)

0:09:00

CHRISTELLE : Bien, en tout cas, merci beaucoup, Tania, de nous avoir guidés dans les données de… les résultats de ce rapport et on espère vous revoir ici bientôt.

Et merci à nos spectateurs d’aujourd’hui. Veuillez consulter la description ci-dessous pour un lien vers le rapport au complet. Et, comme d’habitude, n’hésitez pas à nous faire part de vos idées ou des suggestions de sujets pour les balados à venir. Abonnez-vous à notre chaîne YouTube pour rester au courant des dernières conversations avec nos experts en matière de logement. Merci.

(Texte à l’écran : Abonnez-vous et restez à l'affût de nos prochaines discussions sur le marché canadien de l'habitation!)

(La musique s’estompe.)

(Visuel : Le logo du Gouvernement du Canada et le logo de la SCHL apparaissent ensemble. Fondu au blanc de tous les textes et logos.)

Les habitudes d’emprunt changent au Canada

La forte inflation et la hausse des taux d’intérêt au Canada forcent les emprunteurs hypothécaires à changer leur comportement. Ceux-ci cherchent des moyens de réduire leurs coûts mensuels du service de la dette. Pour ce faire, ils optent pour des prêts hypothécaires à taux fixe à court terme. En effet, ils s’attendent à ce que le taux directeur baisse dans les prochaines années par rapport à son sommet inégalé en 15 ans. Ils optent également pour ce type de prêt hypothécaire en raison des faibles écarts entre les taux qui s’appliquent aux différents termes. Bien que cette solution leur donne plus de souplesse lorsqu’ils remboursent leur prêt, ils devront en revanche rembourser leur prêt sur une plus longue période.

Signes avant-coureurs qui laissent croire que certains emprunteurs hypothécaires éprouvent des difficultés financières

Les consommateurs s’adaptent à des taux d’intérêt plus élevés, mais l’augmentation de la dette de consommation représente toujours un risque systémique. Notre équipe de recherche indique également que certains ménages ont de la difficulté à rembourser leurs dettes. Elle a aussi constaté une baisse de 32 % des refinancements.

« Compte tenu du niveau record de la dette hypothécaire et de la hausse du coût de la vie, il convient de s’interroger sur la capacité des ménages canadiens à rembourser leurs dettes tous les mois. »
– Tania Bourassa-Ochoa, spécialiste principale, Recherche sur le logement, SCHL

Les prêteurs non traditionnels constatent qu’un plus grand nombre d’emprunteurs renouvellent leur prêt hypothécaire à des taux d’intérêt plus élevés. Dans un tel contexte, l’abordabilité pourrait devenir un problème pour les emprunteurs qui se retrouvent dans des situations financières précaires.

Popularité grandissante des prêteurs non traditionnels dans le secteur canadien des prêts hypothécaires

Les prêteurs non traditionnels occupent une plus grande part du marché, ce qui semble indiquer qu’au Canada, les gens sont à la recherche d’options pour garantir un prêt. Selon nos données les plus récentes, les prêteurs non traditionnels ont consenti plus de 10 % des nouveaux prêts hypothécaires (jusqu’en décembre 2022).

Malgré les préoccupations croissantes concernant la capacité des propriétaires-occupants à effectuer leurs versements hypothécaires, le nombre de prêts hypothécaires en souffrance demeure faible.

Notre analyse indique que le marché hypothécaire non bancaire occupe une place de plus en plus importante dans le système de financement de l’habitation. Toutefois, il est important de noter que les prêteurs non traditionnels représentent une petite proportion de l’ensemble des prêts hypothécaires au Canada.

Les chiffres

  • Ralentissement de la croissance des prêts hypothécaires – En janvier 2023, la dette hypothécaire résidentielle s’élevait à 2,08 billions de dollars, soit une augmentation de 6 % par rapport à janvier 2022. Le taux de croissance a toutefois ralenti par rapport aux dernières années.
  • Les entités de placement hypothécaire ont accru leur part de marché – Les prêts hypothécaires consentis par les entités de placement hypothécaire sont passés de 3,7 à 10 % au cours du premier semestre de l’année.
  • Moins de prêts hypothécaires à taux fixe de 5 ans, plus de prêts hypothécaires à taux fixe à court terme – Les prêts hypothécaires à taux fixe de 5 ans représentent moins de 15 % des nouveaux prêts hypothécaires. Quant aux prêts hypothécaires à taux variable, leur part a diminué et correspond à moins de 20 % des nouveaux prêts hypothécaires.
  • Les prêteurs non traditionnels détiennent une plus grande part du marché – Les prêteurs non traditionnels occupent une place de plus en plus importante au sein du marché – Leur part des prêts hypothécaires nouvellement consentis est passée de 3,7 à plus de 10 % du marché dans la première moitié de l’année.

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Date de publication: 25 mai 2023