(Musique : fondu en ouverture)
(Visuel : Le logo du Gouvernement du Canada et le logo de la SCHL
apparaissent ensemble. Une série d’images illustrant des logements
au Canada.)
0:00:03
CHRISTELLE : Le Rapport sur le secteur des prêts hypothécaires
résidentiels fournit une analyse du secteur hypothécaire au Canada. Il
examine les dernières données sur les prêts hypothécaires assurés et non
assurés de tous les types de prêteurs et fournit des détails sur les
tendances émergentes dans l’industrie.
(La musique s’estompe.)
(Visuel : Deux personnes sont représentées en conversation. Ils sont
assis l'un en face de l'autre à une table de réunion. Les deux personnes
sont Christelle Legault, Communications et marketing, SCHL, et Tania
Bourassa-Ochoa, chercheur en logement, SCHL.)
0:00:18
Bonjour. Je m’appelle Christelle Legault et je suis accompagnée
aujourd’hui de Tania Bourassa-Ochoa, experte en recherche en matière
de logement et chercheur principal de ce rapport. Bonjour, Tania, et
bienvenue.
0:00:29
TANIA: Bonjour, Christelle. Merci.
0:00:30
CHRISTELLE : Donc, Tania, nous savons que l’inflation a
augmenté et les taux d’intérêt aussi ont beaucoup augmenté, ce qui
fait en sorte que ça influence beaucoup l’endettement des Canadiens.
Nous allons parler de ça dans un instant. Pouvez-vous nous expliquer un
peu qu’est-ce qu’on voit, c’est quoi les dernières
tendances dans l’industrie qu’on voit, en ce moment?
0:00:49
TANIA : Oui, absolument. Donc, en fait, selon les dernières données
de 2022, ce qu’on voit, c’est qu’avec toute
l’incertitude économique, avec le coût du crédit qui a augmenté
significativement et aussi la confiance des ménages qui, elle, a été
impactée négativement, eh bien, on voit que les consommateurs
hypothécaires sont en train de changer leur comportement financier et,
donc, sont vraiment en train de réagir à cette hausse des taux
d’intérêt.
0:01:19
CHRISTELLE : Vous mentionnez un changement de comportement, ce qui
fait beaucoup d’allure, avec les conditions économiques comme elles
sont. Mais c’est quoi exactement les changements de comportement
qu’on voit?
0:01:29
TANIA : Bien, en fait, premièrement, on voit qu’ils vont
choisir des taux fixes à court terme. Donc, on parle du deux ou trois ans,
quand, historiquement, on parlait plus de cinq ans. Donc, ça démontre
vraiment qu’il y a une anticipation que les taux d’intérêt
vont baisser. On voit aussi qu’il y a moins de demandes pour le
refinancement. Donc, les refinancements ont baissé de 32 %. Aussi, on
voit qu’ils vont choisir des plus longues périodes
d’amortissement. Donc, ça veut dire qu’ils vont payer leur
propriété sur une plus longue période de temps, mais à court terme ça
vient diminuer le paiement hypothécaire.
Aussi, l’autre chose à considérer, c’est que dans le contexte
où c’est plus difficile de se faire approuver pour un prêt avec le
secteur conventionnel, eh bien, on voit une demande accrue du côté des
prêteurs alternatifs.
0:02:23
CHRISTELLE : Donc, c’est intéressant qu’on voie une
augmentation du côté des prêteurs alternatifs. C’est quoi exactement
ce qui se passe de ce côté-là?
0:02:31
TANIA : Bien, en fait, juste pour vous mettre en contexte, les
prêteurs alternatifs, c’est des prêteurs qui sont non réglementés,
qui vont offrir des prêts à très court terme, un an ou deux ans, et des
taux d’intérêt significativement plus élevés. Habituellement, ils
vont viser une clientèle qui est plus… qui a un historique de crédit plus
difficile ou qui n’a pas d’historique de crédit, comme les
nouveaux arrivants, mais aussi des gens comme des travailleurs autonomes,
par exemple.
Par contre, maintenant dans un contexte où les taux d’intérêt ont
augmenté, où les régulations du côté hypothécaire sont en place, eh bien,
c’est encore plus difficile de se faire approuver dans le secteur
conventionnel et on voit une demande vraiment accrue du côté des prêteurs
alternatifs, si bien que leur part de marché est passée de 3,2 % à
10 % du côté des nouveaux prêts qui ont été émis.
Par contre, il faudrait dire que le capital est quand même limité dans
cette industrie-là et, donc, le prêteur va pouvoir choisir et, donc,
sélectionner les prêts qui vont pouvoir être approuvés finalement. Donc,
ce n’est pas tout le monde qui va pouvoir avoir un prêt de ce
côté-là.
0:03:50
CHRISTELLE : Donc, vu qu’on voit une augmentation, on est
maintenant rendu à 10 % de parts de marché pour les prêts
alternatifs, est-ce qu’il y aurait une inquiétude pour
l’économie, surtout dans des villes comme Toronto et Vancouver, qui
sont peut-être des gens ou des prêteurs qui vont aller chercher des prêts
alternatifs?
0:04:10
TANIA : Oui, effectivement. Donc, c’est vraiment que, comme à
Toronto ou Vancouver, on va voir des parts de marché plus importantes.
Quand on regarde du côté de l’industrie dans son ensemble, on voit
que leur profil de risque est quand même assez bas. Donc, les reprises de
finances, les taux de délinquance sont quand même à des niveaux assez bas.
Même quand on regarde les ratios prêt-valeur, on est à des niveaux de
75 %. Donc, dans un scénario hypothétique où les prix devaient
baisser et où les emprunteurs ne seraient pas en mesure de payer, eh bien,
il y aurait une marge de manœuvre pour rembourser.
Par contre, comme je mentionnais, beaucoup plus de gens qui rentrent dans
ce segment-là, mais aussi les gens qui y sont déjà se retrouvent dans
l’obligation de renouveler leur prêt à des taux beaucoup plus
élevés, donc on reste dans un prêt à taux élevé, et donc
l’abordabilité peut effectivement demeurer un enjeu pour ces ménages
qui se retrouvent parfois dans des situations financières un peu
précaires.
0:05:11
CHRISTELLE : Donc, au niveau de l’abordabilité, nous savons
que, d’après les dernières données de Statistique Canada, un
Canadien sur trois possède un prêt hypothécaire à taux variable, ce qui
fait en sorte que ça se traduit en paiements plus élevés pour ces gens-là
et, des fois, on peut même voir des gens qui paient le double de ce
qu’ils payaient l’année passée. D’après notre dernière
enquête auprès des consommateurs hypothécaires, ils ont indiqué que
74 % de ces emprunteurs se sentent affectés ou seront affectés par la
hausse des taux d’intérêt dans les mois à suivre ou prochainement.
Aussi, il y a un article de notre économiste en chef adjoint qui a parlé
de l’endettement des ménages au Canada et que 75 % de cette
dette est une dette hypothécaire. Donc, est-ce qu’il y aurait lieu à
craindre que les gens ne seront peut-être plus en mesure de faire des
paiements de leur prêt hypothécaire?
0:06:10
TANIA : Bien, en fait, j’aimerais juste commencer par statuer
que l’endettement des ménages demeure quand même et encore une
source importante de vulnérabilité pour la stabilité financière au Canada.
Donc, effectivement, les ménages canadiens se retrouvent avec des niveaux
records de dettes. Dans un contexte aujourd’hui, les taux
d’intérêt sont plus élevés, le coût de la dette est plus élevé et le
coût de la vie aussi est plus élevé. Donc, on s’est penché sur la
question.
Quand on regarde du côté des taux de délinquance des prêts hypothécaires –
ça veut dire qu’un consommateur n’aurait pas payé son prêt
depuis plus de 90 jours – eh bien, on voit que, malgré qu’il y
a une légère augmentation, on reste à des niveaux super bas quand on
compare ça à la période des 30 dernières années. Par contre, les taux de
délinquance, c’est un indicateur qui est, on dit, arriéré, dans le
sens où même si un ménage se retrouvait dans une situation financière
précaire, on ne le verrait pas immédiatement sur les taux de délinquance
hypothécaire. Par contre, on le verrait sur d’autres produits de
crédit.
Donc, quand on regarde du côté des cartes de crédit, des prêts auto et
même des marges de crédit, eh bien, là on voit une augmentation et ça nous
indique, en fait, qu’il y a certains ménages qui ont de la
difficulté à rembourser leurs dettes.
0:07:37
CHRISTELLE : Oui. Puis c’est bon d’avoir un portait, de
toute façon, de savoir ce qui se passe. Donc, le Rapport sur le secteur
des prêts hypothécaires résidentiels, c’est un rapport qui est quand
même assez nouveau à la SCHL. Vous avez mené ce projet depuis… assez
longtemps. Comment est-ce qu’on est arrivé à ce rapport, puis
pourquoi?
0:07:56
TANIA : Oui, bien, en fait, cette histoire commence en 2014. À
l’époque, on avait un marché hypothécaire teinté par
l’incertitude, beaucoup d’incertitude, puis il y avait un
consensus assez clair de l’industrie, mais aussi la communauté des
économistes pour dire qu’il y avait des lacunes assez importantes
des données et des connaissances dans toute la question du financement du
logement. Donc, la SCHL a mené plusieurs initiatives dans le but de
collecter des données, mais de les rendre publiques, de les rendre
disponibles publiquement, finalement. Donc, ce rapport, c’est
vraiment le résultat de toutes ces initiatives-là. Ça nous permet de
raconter l’histoire sur les marchés hypothécaires; ça permet aux
entreprises de faire des décisions qui sont peut-être plus éclairées en
termes de risque et aussi des faiseurs de politiques de prendre des
décisions plus éclairées. Donc, en rendant les marchés plus transparents,
j’aime bien croire qu’on contribue à la stabilité financière,
ce qui est vraiment la fondation pour atteindre l’abordabilité du
logement au Canada.
(Musique)
0:09:00
CHRISTELLE : Bien, en tout cas, merci beaucoup, Tania, de nous avoir
guidés dans les données de… les résultats de ce rapport et on espère vous
revoir ici bientôt.
Et merci à nos spectateurs d’aujourd’hui. Veuillez consulter
la description ci-dessous pour un lien vers le rapport au complet. Et,
comme d’habitude, n’hésitez pas à nous faire part de vos idées
ou des suggestions de sujets pour les balados à venir. Abonnez-vous à
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avec nos experts en matière de logement. Merci.
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(La musique s’estompe.)
(Visuel : Le logo du Gouvernement du Canada et le logo de la
SCHL apparaissent ensemble. Fondu au blanc de tous les textes et
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