Les coûts élevés du logement représentent un fardeau pour la population canadienne à bien des égards. Dans le présent article, nous nous concentrons sur la façon dont ces coûts découragent les personnes au Canada de déménager dans de meilleurs endroits où vivre et dans les villes où elles aimeraient travailler. L'amélioration de l'abordabilité stimulera donc la productivité de l'économie canadienne.
Lorsqu'ils choisissent l'endroit où ils veulent vivre et travailler, les gens au Canada ne s'attardent pas uniquement à l'augmentation de salaire qu'ils pourraient obtenir. Ils doivent être réalistes par rapport aux coûts du logement s'ils doivent déménager dans un nouvel emplacement. Ils pourraient aussi renoncer aux occasions offertes par un nouvel emploi qui améliorerait leurs compétences et leurs connaissances – et donc la productivité du pays – s'ils n'ont pas les moyens de payer leur logement après avoir déménagé.
De même, les employeurs doivent payer plus cher pour attirer des travailleurs hautement qualifiés chez eux afin de couvrir le coût de la vie élevé auquel ces travailleurs devront faire face. Cette situation fait augmenter les coûts et réduit la productivité.
L'évolution de l'abordabilité du logement partout au pays entraîne des changements ayant un effet domino sur d'autres villes. Par exemple, notre modélisation indique que si Toronto doublait ses mises en chantier d'habitations au cours de la prochaine décennie pour relever ses propres défis en matière d'abordabilité, sa population serait supérieure de 3 % aux prévisions actuelles, et ce, sans que des changements de politiques soient apportés ailleurs. D'autres personnes, surtout du reste de l'Ontario, y seraient attirées.
De façon générale, nous constatons qu'une hausse de 1 % des prix des habitations dans la ville de destination la rendra moins attrayante et entraînera une baisse d'un peu plus de 1 % du nombre de personnes qui y déménageront. Les villes doivent comprendre les répercussions des prix des habitations partout au pays lorsqu'elles planifient leur propre croissance.
La mobilité de la population a diminué partout au Canada
La mobilité des ménages entre les villes et les régions a diminué dans de nombreux pays. La figure 1 illustre une tendance semblable au Canada au cours des dernières décennies. Cette tendance reflète de nombreux facteurs, notamment le vieillissement de la population et les changements technologiques, mais les coûts du logement ont aussi un rôle à jouer.