En 2023, le coût du logement est devenu de plus en plus difficile pour beaucoup de gens au Canada. La SCHL a reconnu ce problème généralisé et a voulu mieux le comprendre. Nous avons examiné les défis du logement dans un contexte en perpétuelle évolution, en tenant compte tout particulièrement de l'incertitude économique du moment. Le présent article rétrospectif résume les précieuses observations tirées des divers rapports que nous avons publiés en 2023. Il fait ainsi la lumière sur les difficultés vécues par la population canadienne en raison des coûts du logement.
La SCHL est une autorité de confiance dans le domaine du logement au Canada. Elle fournit des données, des recherches et des renseignements impartiaux sur le marché de l’habitation depuis plus de 75 ans. Ces ressources inestimables lui permettent de jouer un rôle essentiel en servant de référence pour les responsables des politiques, les professionnels du secteur et le public. En cette période où l’abordabilité est un problème urgent, l’expertise de la SCHL aide à surmonter les difficultés et à trouver des solutions pour rendre le logement plus inclusif.
Nos travaux sur les données et nos recherches ont enrichi notre compréhension des problèmes d’abordabilité du logement pour les personnes de tous les niveaux de revenus au Canada. Plus de 1,5 million de ménages canadiens ont des besoins impérieux en matière de logement. En outre, beaucoup de gens de la classe moyenne au pays ont du mal à trouver un logement locatif ou à acheter une nouvelle habitation. Notre travail portera sur tout l'éventail des solutions pour régler ces problèmes. Nous sommes aux prises avec 2 crises du logement en ce moment. Chacune nécessite des approches adaptées qui tiennent compte efficacement des circonstances particulières en cause.
Dans cet article rétrospectif, nous examinons 4 aspects clés qui ont été mis en évidence dans les rapports et les données de la SCHL en 2023 :
- les taux de roulement des locataires;
- les résultats des enquêtes municipales sur l’utilisation des terres;
- les écarts relevés dans l’offre de logements;
- l’évolution du secteur des prêts hypothécaires résidentiels.
En abordant ces aspects, nous voulons donner un aperçu complet des conclusions et des tendances importantes soulevées pendant l’année.
Données sur le roulement des locataires présentées dans le Rapport sur le marché locatif de 2022
Publié en janvier 2023, le Rapport sur le marché locatif présente une analyse approfondie de la dynamique du secteur du logement locatif. Ce rapport annuel utilise les données de l’Enquête sur les logements locatifs et de l’Enquête sur les appartements en copropriété de la SCHL. Il offre de précieux renseignements sur les tendances de ces marchés.
Les données publiées sur le roulement des locataires – un aspect essentiel du marché – ont mis en évidence la mobilité des locataires et le rythme auquel les logements ont changé d’occupants. Ces données servent de baromètre de la santé globale du marché locatif. Elles nous renseignent sur des facteurs comme l’abordabilité et la demande régionale. Cette nouvelle mesure nous a permis de mieux comprendre le marché locatif et la pénurie de logements au Canada.
Notre analyse montre une tendance à la hausse des taux de roulement dans les centres urbains. Ces taux pourraient avoir été influencés par la mobilité professionnelle, les changements de mode de vie ou la recherche d’options de logements plus abordables. Les données montrent la nécessité d’adopter une approche nuancée dans nos efforts pour remédier aux difficultés vécues par les locataires et les propriétaires-bailleurs. Les initiatives stratégiques doivent être adaptées aux besoins particuliers de chaque groupe.
Région | Logements sans roulement | Logements avec roulement |
---|---|---|
Toronto | 1 611 | 2 110 |
Vancouver | 1 847 | 2 325 |
Ottawa - Gatineau (partie de l’Ontario) | 1 520 | 1 831 |
Montréal | 963 | 1 235 |
Ottawa - Gatineau (partie du Québec) | 1 122 | 1 250 |
Région | Logements sans roulement | Logements avec roulement |
---|---|---|
Calgary | 1 398 | 1 486 |
Edmonton | 1 270 | 1 297 |
Enquête sur l’utilisation des terres et liens avec l’abordabilité dans les villes très réglementées
Des données ont été recueillies dans le cadre de l’Enquête sur l’utilisation des terres et la réglementation municipale connexe de 2022. Ces données ont montré de façon convaincante qu'il y a un lien entre les règlements sur l’utilisation des terres et l’abordabilité du logement, surtout dans les villes très réglementées. Publiés en juillet 2023, les résultats de cette enquête ont permis de mieux comprendre comment les règlements de zonage stricts, les restrictions de hauteur et d’autres mesures réglementaires se répercutent sur la disponibilité et le coût des logements.
Dans notre rapport de 2018 intitulé Examen de l’escalade des prix des logements dans les grands centres métropolitains du Canada, nous citions l’utilisation des terrains et la réglementation municipale connexe parmi les facteurs potentiels de la hausse des prix des habitations. Toutefois, nous n’avions pas pu tirer de conclusions définitives en raison du manque de données. Nous avons donc travaillé étroitement avec Statistique Canada pour élaborer et mener une enquête afin de combler cette lacune importante. Notre but était de mesurer le degré de restriction appliqué à l’utilisation des terres dans les municipalités partout au Canada.
L’indice de l’utilisation des terres et de la réglementation municipale connexe indique le niveau de réglementation de l’utilisation des terres dans chaque ville. Plus les valeurs sont élevées, plus la réglementation est stricte. Inversement, moins les valeurs sont élevées, moins il y a de réglementation. Pour faciliter l’interprétation des résultats, nous avons normalisé les valeurs (région du Grand Toronto = 100). Le délai d’approbation des nouveaux projets d'aménagement est le facteur le plus important de l’Enquête. C'est celui qui permet le plus de comprendre les différences dans l’abordabilité du logement selon les divers règlements sur l’utilisation des terres.
Région | Indice de l’utilisation des terres et de la réglementation municipale connexe (Région du grand Toronto = 100) |
Indice des délais d’approbation (Région du grand Toronto = 100) |
Inabordabilité du logement (rapport prix des habitations/revenu) |
---|---|---|---|
Région du Grand Toronto | 100 | 100 | 9,25 |
Région du Grand Vancouver | 98 | 101 | 14,19 |
Reste de l’Ontario | 80 | 52 | 6,07 |
Reste de la Colombie-Britannique | 79 | 60 | 7,45 |
Territoires | 79 | 36 | 3,47 |
Région du Grand Montréal | 77 | 71 | 6,63 |
Région du Grand Edmonton | 73 | 38 | 4,28 |
Provinces de l’Atlantique | 72 | 43 | 3,02 |
Manitoba | 71 | 27 | 3,32 |
Reste du Québec | 71 | 51 | 3,91 |
Reste de l’Alberta | 68 | 27 | 3,89 |
Saskatchewan | 66 | 29 | 3,68 |
Remarques : Ce tableau présente les municipalités qui ont répondu à l’Enquête sur l’utilisation des terres et la réglementation municipale connexe 2022. Nous avons tiré les données sur les prix des habitations et le revenu des ménages du Recensement canadien de 2021. Les valeurs pour l’indice de l’utilisation des terres et de la réglementation municipale connexe et pour l’indice des délais d’approbation sont normalisées (région du Grand Toronto = 100). La région du Grand Toronto a obtenu le pointage le plus élevé de toutes les régions. Les valeurs inférieures à 100 indiquent qu’il y a moins de règlements que dans la région du Grand Toronto. Inversement, les valeurs supérieures à 100 indiquent qu’il y a plus de règlements que dans la région du Grand Toronto.
Les villes qui sont très réglementées en raison de leurs politiques d’utilisation des terres connaissaient souvent une pénurie de terrains aménageables. Cette pénurie accroît la concurrence et fait augmenter les prix des logements. Ces constats ont suscité des appels à l'adoption d'une approche souple et adaptative à l’égard de l’urbanisme. Ils soulignent l’importance d’atteindre un équilibre entre l’aménagement responsable et l’abordabilité du logement.
Le gouvernement fédéral a lancé le Fonds pour accélérer la construction de logements afin d’aider à régler certains de ces problèmes dans les plus grands marchés du Canada. Pour ce faire, il contribue à mettre en place des réformes systémiques concernant le zonage municipal et les processus d’octroi des permis.
Estimations des écarts dans l’offre de logements : l’abordabilité du logement pour tout le monde nécessitera 3,5 millions de logements supplémentaires d’ici 2030
L’une des révélations les plus alarmantes tirées des rapports de la SCHL en 2023 est l’estimation de l’écart actuel dans l’offre de logements. Selon ces données, il faudra construire 3,5 millions de logements de plus que prévu pour répondre à la demande d’ici 2030. Cet écart stupéfiant a mis en évidence l’urgence d’adopter des stratégies globales pour remédier à la pénurie de logements, tant sur le marché locatif que sur le marché de la propriété.
Il est essentiel de répondre à la demande de logements au Canada. L’accroissement de l’offre sur le marché locatif et le marché des logements pour propriétaires-occupants est primordial pour atteindre l’abordabilité.
Les facteurs suivants contribuent à cette crise imminente :
- la croissance de la population et du revenu;
- l’urbanisation grandissante;
- l’évolution de la structure des ménages.
Les responsables des politiques sont maintenant confrontés à la difficulté de favoriser un environnement propice à une solide production de logements. Ils doivent aussi veiller à ce que ces logements soient abordables et répondent aux différents besoins de la population.
Région | Estimation du parc de logements, 2022 (en millions) | Parc de logements prévu en 2030 (rapport de 2022) (en millions) | Parc de logements prévu en 2030 (mise à jour, rapport de 2023) (en millions) | Variation entre les rapports de 2022 et de 2023 (en millions) | Variation entre les rapports de 2022 et de 2023 (%) |
---|---|---|---|---|---|
Ontario | 6,03 | 6,71 | 6,61 | -0,10 | -2 |
Québec | 4,12 | 4,57 | 4,45 | -0,12 | -3 |
Colombie-Britannique | 2,26 | 2,64 | 2,58 | -0,06 | -2 |
Alberta | 1,81 | 2,17 | 2,09 | -0,08 | -4 |
Manitoba | 0,58 | 0,65 | 0,65 | 0,00 | -1 |
Saskatchewan | 0,52 | 0,56 | 0,55 | -0,01 | -1 |
Nouvelle-Écosse | 0,48 | 0,52 | 0,51 | -0,01 | -2 |
Nouveau-Brunswick | 0,37 | 0,40 | 0,39 | 0,00 | -1 |
Terre-Neuve-et-Labrador | 0,27 | 0,28 | 0,27 | 0,00 | -1 |
Î.-P.-É. | 0,08 | 0,09 | 0,08 | 0,00 | -4 |
Canada | 16,53 | 18,58 | 18,19 | -0,39 | -2 |
Secteur des prêts hypothécaires résidentiels – beaucoup de renouvellements de prêts sont imminents
Les renseignements que possède la SCHL sur le secteur des prêts hypothécaires résidentiels ont fourni une vue d’ensemble du contexte financier des transactions immobilières. L’analyse des tendances des prêts hypothécaires, des taux d’intérêt et du comportement des emprunteurs a montré la résilience du marché face aux fluctuations économiques et à l’incertitude mondiale.
Notre analyse nous a permis de faire des observations importantes sur plusieurs aspects. La première est le rôle des interventions gouvernementales dans la stabilisation des marchés hypothécaires pendant les périodes difficiles. Nous avons aussi pu constater l’évolution des préférences des acheteurs d’habitations en ce qui concerne les produits hypothécaires. Ces renseignements sont précieux pour les institutions financières, les responsables des politiques et les éventuels propriétaires-occupants. Ils facilitent la prise de décisions éclairées dans un environnement économique en constante évolution.
Au premier semestre de 2023, plus de 290 000 emprunteurs ont renouvelé leur prêt hypothécaire auprès d’une banque à charte à un taux plus élevé. Ils sont passés d’un taux fixe de 5,45 % sur 5 ans à un taux variable de 7,38 %.
On estime que 2,2 millions de prêts hypothécaires accuseront l’effet de la hausse des taux d’intérêt en 2024 et en 2025. Ce nombre représente 45 % de tous les prêts hypothécaires en cours de remboursement au Canada. La plupart des détenteurs de ces prêts les ont contractés à des taux fixes exceptionnellement bas. Ils ont aussi fort probablement emprunté lorsque les prix des habitations atteignaient ou frôlaient des niveaux record, vers 2020 et 2021.
Les gens qui ont emprunté pour acheter une nouvelle habitation ne seront pas les seuls à être touchés. De nombreux propriétaires-occupants ont profité de la valeur nette accrue de leur propriété pour refinancer leur prêt et retirer de l’argent à des fins de consommation. Eux aussi seront touchés par la hausse des taux d'intérêt.
Le montant total des prêts hypothécaires qui seront à renouveler d’ici 2025 dépasse 675 milliards de dollars. Cela représente près de 40 % de l’économie canadienne (selon le produit intérieur brut en 2022).
Année | Prêts assurés | Prêts non assurés |
---|---|---|
2023 | 302 931 | 575 146 |
2024 | 336 558 | 722 473 |
2025 | 388 017 | 770 786 |
L’avenir de l’économie et du logement
Les analyses, les données, les recherches et les renseignements de la SCHL publiés en 2023 ont beaucoup aidé la population canadienne et les responsables des politiques à mieux comprendre les multiples aspects des défis à relever sur marchés de l’habitation du Canada.
Ces informations portent sur divers aspects du marché, allant de la dynamique du marché locatif à l’effet des règlements sur l’utilisation des terres. Elles décrivent aussi l’écart dans l’offre et les nuances du secteur des prêts hypothécaires résidentiels. Toutes ces ressources sont précieuses pour orienter ceux et celles qui s’emploient à élaborer des politiques et des stratégies efficaces. L’objectif est de créer un avenir où le logement sera durable, inclusif et, surtout, abordable.
L’abordabilité du logement demeurera un thème central de notre travail en 2024. Nous continuerons d’offrir des renseignements objectifs sur le logement pour mieux éclairer la prise de décisions et assurer la stabilité financière.
Il est urgent de trouver des solutions novatrices et fondées sur des données probantes pour résoudre la crise du logement au Canada – pour que tout le monde puisse se payer un logement qui répond à ses besoins. C’est pourquoi nous approfondissons notre compréhension des enjeux actuels et futurs du système de logement, des obstacles au logement abordable et des ménages ayant des besoins impérieux en matière de logement.
Nous continuerons aussi de chercher à comprendre les avantages économiques, sociaux et fiscaux qu’il y a à résoudre la crise de l’abordabilité du logement au Canada.