Il est crucial de faire baisser de façon générale le coût du logement. Le coût
du logement met évidemment en difficulté les ménages à faible revenu, mais il
constitue un risque pour toute la population, de même que l’endettement
excessif.
Les approches stratégiques varieront au sein du système de logement
Bien que l’objectif commun soit de faire baisser le prix du logement
d’une manière générale, les approches stratégiques ne seront pas les
mêmes pour les logements qui ciblent différentes tranches de revenu.
Il est indéniable que se loger a un coût, et ce coût est excessif par rapport
au revenu de nombreux ménages. Il fait que le faible revenu des ménages ne
leur permettra pas de se payer un logement au prix du marché. De toute
évidence, ces ménages ont besoin d’un soutien gouvernemental, que ce
soit sous la forme d’un transfert de revenu direct ou d’un loyer
abaissé grâce à une subvention. Les gouvernements devraient contribuer au
moyen de diverses allocations-logement et suppléments au loyer, notamment
l’Allocation canadienne pour le logement.
De telles subventions soulèvent toutefois des inquiétudes. En effet, elles
peuvent inciter les propriétaires-bailleurs à augmenter les loyers, de sorte
que ce sont eux, et non les destinataires visés, qui en bénéficient. Ce risque
est particulièrement présent si l’offre de logements est limitée. Les
ménages qui reçoivent des subventions ne sont pas en mesure de comparer
l’offre des différents propriétaires, ce qui favoriserait la concurrence
et contribuerait à des loyers raisonnables.
Les gouvernements doivent donc veiller à ce que l’offre de logements
soit suffisante. Un accroissement du nombre d’immeubles de logements
sociaux et abordables aidera directement les ménages à faible revenu.
C’est dans cet objectif que la SCHL a mis en place le Fonds national de
co-investissement pour le logement. Cependant, construire plus de logements
sociaux et abordables n’est pas non plus une solution miracle. Les
données internationales indiquent que les ménages qui habitent dans ces
immeubles sont moins susceptibles de déménager pour obtenir un meilleur
emploi. Ces compromis sont la raison pour laquelle la SCHL cherche à apporter
une réponse complète aux défis que rencontrent les ménages à faible revenu,
grâce à la Stratégie nationale sur le logement.
Comme cela a été dit, les ménages à revenu moyen sont eux aussi confrontés au
coût élevé des loyers et de l’accession à la propriété au Canada. Les
subventions directes ne conviendraient pas dans leurs cas, car le marché
devrait être en mesure de fournir suffisamment de logements à un prix
raisonnable. Il n’est donc pas nécessaire que le gouvernement applique
la même solution que pour les ménages à faible revenu. Cependant, le problème
est le même dans tout le Canada : trop peu de logements sont construits,
que ce soit pour la vente ou pour la location.
La SCHL estime que le Canada a besoin de 3,5 millions de logements
supplémentaires pour assurer l’abordabilité d’ici 2030.
Pour réaliser cet objectif impératif, il faut davantage
d’investissements du secteur privé afin d’accroître le nombre de
logements du marché, particulièrement dans le segment locatif. Pour contribuer
à accroître l’offre, la SCHL a mis en place l’initiative
Financement de la construction de logements locatifs, qui a pour but la
construction d’un plus grand nombre d’appartements locatifs dans
les marchés où ce besoin est urgent. Cela concerne par exemple Toronto,
Vancouver, Montréal, Victoria et Halifax. Il faut en faire encore beaucoup
plus. Compte tenu de la croissance des revenus et de la population, tous les
ordres de gouvernement doivent agir davantage pour encourager une augmentation
de l’offre privée de logements.
Ainsi, même si les problèmes d’abordabilité existent à tous les niveaux,
les solutions seront différentes. Le marché ne fournira jamais de logements à
un prix suffisamment bas pour les ménages à très faible revenu. Les
gouvernements doivent offrir leur soutien.
D’un autre côté, le marché peut fournir suffisamment de logements; les
gouvernements doivent donc faciliter la construction de manière à ce que
l’offre réponde à la demande. Les gouvernements ne doivent pas
décourager l’offre de logements pour les ménages à revenu moyen en
cherchant à encourager l’offre pour les ménages à faible revenu.
La nécessité d’accroître l’offre de logements sera d’autant
plus grande que le Canada cherche à augmenter l'immigration. Comme les
personnes immigrantes sont de mieux en mieux nanties, bon nombre d’entre
elles accèdent à la propriété immédiatement à leur arrivée au Canada au lieu
de louer d’abord un logement. Par conséquent, pour accueillir un plus
grand nombre de personnes immigrantes, il faut construire davantage de
logements dans l’ensemble du continuum.
Le défi de l’abordabilité des logements doit être traité à tous les
niveaux
La charge qui pèse sur les ménages à faible revenu est assurément lourde, mais
les risques qui émanent d’une offre de logements insuffisante pour les
ménages à revenu plus élevé sont grands également. Si les problèmes du marché
de l’habitation ne sont pas résolus, cela pourra avoir de graves
conséquences financières, à l’instar de celles qui ont frappé de
nombreux pays en 2008-2009.
Si nous nous attardons à une seule partie du continuum du logement, nous
risquons de gaspiller des ressources. En effet, les ménages peuvent passer
d’un type de logements à un autre. Une solution partielle reviendrait
donc à appuyer sur une zone restreinte d’un ballon : ailleurs, le
ballon va s’étirer, au risque d’éclater.
Le manque de logements disponibles à l’achat signifie que davantage de
ménages resteront locataires, et par conséquent, que d’autres ménages ne
pourront pas quitter leurs logements sociaux et abordables. Le système de
logement est interconnecté. Pour résoudre le problème de l’abordabilité
au Canada, il faut une série de mesures qui agissent sur le système tout
entier.