Cette recherche a examiné l’incidence de l’allocation pour le loyer, un programme de supplément au loyer, sur le logement abordable au Manitoba. Elle est fondée sur des entrevues pour connaître l’opinion des locataires, des propriétaires privés et des fournisseurs de logements sans but lucratif. Les résultats permettent d’éclairer d’autres programmes plus récents, comme l’Allocation canadienne pour le logement.
Le programme d’aide à l’emploi et au revenu du Manitoba verse le supplément au loyer mensuel au locataire, qui paie ensuite sa portion habituelle du loyer. Le supplément permet aux locataires de choisir l’emplacement de leur logement, si des logements y sont disponibles.
Principales observations
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L’allocation aide beaucoup les personnes à risque d’itinérance et fait passer des familles au-dessus du seuil de pauvreté.
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Les données de la SCHL indiquent que l’allocation pour le loyer ne fait pas monter les loyers au Manitoba.
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Les lacunes de l’allocation pour le loyer montrent que les programmes futurs pourraient être améliorés.
Étendue du projet et résultats attendus
Allocation pour le loyer : un modèle possible pour d’autres programmes de prestations de logement
L’allocation pour le loyer est un programme de supplément au loyer du Manitoba. Il aide les locataires à faible revenu du marché privé à se payer un logement à 75 % du loyer médian du marché. Depuis son introduction en 2014, il a permis d’aider des dizaines de milliers de ménages manitobains. Ces derniers ont pu accéder à un logement qui répond à leurs besoins et le conserver.
En 2019, un groupe d’intervenants s’est réuni pour étudier l’allocation pour le loyer. Les objectifs :
- Déterminer ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas et ce qui peut être amélioré.
- Utiliser ces renseignements pour orienter la mise en œuvre d’autres programmes provinciaux et nationaux de logement, comme l’Allocation canadienne pour le logement.
La recherche portait sur 75 entrevues menées auprès de locataires, fournisseurs de logements sans but lucratif et propriétaires-bailleurs privés dans l’ensemble de la province. Elle a permis d’analyser les taux de participation, les coûts et les niveaux de prestation de l’allocation pour le loyer. Elle a également évalué l’incidence du programme sur la situation de pauvreté de divers types de familles. Enfin, la recherche visait à déterminer si l’allocation pour le loyer avait eu un effet sur le marché locatif du Manitoba.
Plus de ressources pour les ménages à faible revenu
La recherche a révélé de nombreux résultats positifs pour l’allocation pour le loyer. Premièrement, le programme a entraîné une augmentation importante des ressources affectées aux ménages admissibles. On parle d’environ 138 millions de dollars en 2018-2019.
Pour un ménage type, l’allocation pour le loyer a entraîné une augmentation maximale de l’allocation logement se situant entre 149 et 328 $ par mois en 2014 et 2015. Cela correspond à une augmentation se situant entre 41 et 76 %, et à d’autres hausses au fil du temps liées aux loyers médians du marché.
Aide pour les ménages à faible revenu et les personnes à risque d’itinérance
Le programme d’allocation pour le loyer aide considérablement les personnes à risque d’itinérance et fait passer de nombreuses familles au-dessus du seuil de pauvreté. Pour bien des gens, la différence dans les conditions de logement qui en découle a permis de se concentrer sur l’emploi, l’éducation et la famille.
L’allocation pour le loyer peut contribuer à améliorer la santé physique et mentale
Plus des trois quarts des personnes interrogées ont déclaré, sans être sollicitées : « Je peux respirer. Je sais que j’ai un toit au-dessus de la tête et de la nourriture sur la table » (ou un énoncé similaire). Les aînés parlaient du fait qu’ils sont moins souvent confrontés à des choix difficiles, comme payer les médicaments ou le loyer.
Outil important pour fournir des logements abordables
Les fournisseurs de logements sans but lucratif ont tous parlé favorablement du programme d’allocation pour le loyer. Les propriétaires-bailleurs privés ont aussi abondé en ce sens. Ils ont ajouté que l’allocation pour le loyer « procure de la dignité et permet aux gens d’avoir un logement sûr et de qualité qu’ils ne pourraient pas se permettre autrement ».
Incidence limitée sur les loyers moyens
Les logements dans le quartile inférieur des loyers sont probablement les types de logements que les bénéficiaires de l’allocation pour le loyer louent. Les données de la SCHL pour le Manitoba indiquent que l’introduction de l’allocation pour le loyer n’a pas fait augmenter les loyers plus rapidement que le loyer médian dans ce quartile.
Toutefois, des intervenants ont indiqué que les maisons de chambres semblent augmenter leurs loyers pour les faire correspondre aux niveaux du programme d’allocation pour le loyer.
L’allocation pour le loyer peut être améliorée
L’allocation pour le loyer n’est pas un programme parfait. Voici les principaux inconvénients découverts dans le cadre de la recherche :
- Les seuils pour recevoir l’allocation pour le loyer sont trop bas. Les personnes seules qui travaillent 35 heures par semaine au salaire minimum, par exemple, ne sont pas admissibles et demeurent sous le seuil de la pauvreté.
- Pour bon nombre des personnes qui en dépendent, le montant prévu dans le programme d’allocation pour le loyer est insuffisant pour couvrir les loyers du marché. Parmi les locataires qui reçoivent l’allocation pour le loyer dans le cadre du programme d’aide sociale du Manitoba, plus de 90 % ont payé un loyer supérieur au montant reçu. La plupart d’entre eux ont donc utilisé une partie de leur allocation pour les besoins de base pour payer leur loyer.
- L’allocation pour le loyer couvre une partie, mais pas la totalité, des coûts liés à la fourniture de logements abordables. Les fournisseurs de logements sans but lucratif et les propriétaires-bailleurs du marché privé ont été clairs sur ce point.
- Par manque d’information, de nombreux ménages potentiellement admissibles ne bénéficient pas de l’allocation pour le loyer. Beaucoup ne savent pas que l’allocation pour le loyer est offerte aux ménages qui ne reçoivent pas d’aide sociale.
L’allocation pour le loyer ne devrait être qu’une partie d’une stratégie de logement plus vaste
Il y a d’autres défis que l’allocation pour le loyer ne permet pas de relever. Les locataires ont décrit les obstacles, notamment :
- la discrimination, en particulier celle envers les Autochtones;
- l’absence d’antécédents en matière de crédit ou de location, qui rend difficile l’accès au logement pour les nouveaux arrivants ou les jeunes adultes;
- le défi de trouver des logements abordables et accessibles pour les personnes handicapées ou à mobilité réduite.
Certains locataires ont aussi besoin de plus de soutien pour vivre de façon autonome et ne peuvent pas le trouver sur le marché privé. Cela signifie que l’allocation pour le loyer ne peut être qu’une partie d’une stratégie de logement plus vaste qui doit inclure le logement communautaire.
Mettre en œuvre des changements pour renforcer l’allocation pour le loyer
Il est clair que l’allocation pour le loyer a apporté d’importants changements positifs pour les locataires à faible revenu du Manitoba. Néanmoins, ce projet de recherche a permis de découvrir un certain nombre d’occasions de tirer parti du succès du programme. L’augmentation des niveaux de prestation, la modification de la façon dont l’allocation pour le loyer interagit avec certains crédits d’impôt et l’inclusion d’un soutien pour les dépenses liées à la santé et les services de soutien ne sont que quelques exemples.
La mise en œuvre de ces changements renforcerait le programme d’allocation pour le loyer, ce qui le rendrait plus efficace pour les locataires, les fournisseurs de logements sans but lucratif et les propriétaires-bailleurs du marché privé.
Équipe du projet : Association du logement sans but lucratif du Manitoba
Emplacement : Winnipeg, Manitoba
Collaborateurs/partenaires du projet :
Centre canadien de politiques alternatives
Université du Manitoba
Flux d’activités : Projet de recherche
Les équipes de projet effectuent des travaux qui portent sur au moins un des domaines prioritaires ou une des populations prioritaires de la Stratégie nationale sur le logement. Les travaux sont effectués au Canada. Toutes les équipes doivent fournir au moins 25 % du coût total du projet.
Pour en savoir plus :
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