Notes d’allocution pour Romy Bowers, Présidente et premiere dirigeante, Société canadienne d’hypothèques et de logement
Événement virtuel
Seul le texte prononcé fait foi
Bonjour et merci de votre chaleureux accueil. Je suis heureuse d'être avec vous aujourd'hui.
Je me joins à vous depuis Toronto, territoire traditionnel de nombreuses nations, notamment les nations des Mississaugas de Credit, des Anishnabés, des Chippewas, des Haudenosaunees et des Wendats, un territoire qui abrite maintenant de nombreux peuples des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
Je tiens à dire d’emblée que j’attends avec impatience la période de questions qui suivra mon allocution. Je dois toutefois souligner que je ne pourrai pas commenter des questions de politiques publiques sensibles en raison des récentes élections fédérales.
Il y a six ans, lorsque je suis entrée à la SCHL en tant que cheffe de la gestion des risques, la question de l’abordabilité du logement n’était pas sous le radar de la plupart des institutions financières.
À l’époque, nombre d’entre nous connaissaient la SCHL pour ses programmes d’assurance prêt hypothécaire et de titrisation. Ces programmes sont essentiels à la stabilité et au bon fonctionnement du système de financement de l’habitation et demeurent un élément essentiel de nos activités.
Toutefois, comme le montre ce sommet, les institutions financières se familiarisent de plus en plus avec un autre aspect de nos activités. La SCHL a un mandat crucial : améliorer l’abordabilité du logement pour toute la population canadienne, en mettant l’accent sur les besoins urgents des populations vulnérables.
Certaines de ces institutions, dont la Banque Scotia, ont reconnu l’importance de l’abordabilité du logement et s’alignent sur notre travail.
Nous les remercions de leur contribution et de la confiance qu’elles ont en la SCHL. J'oserais dire que c’est une confiance bien placée!
La SCHL travaille dans le domaine de l’abordabilité du logement depuis 1946. Nous célébrons cette année notre 75e anniversaire, et je suis honorée d’être la première dirigeante de la SCHL en cette période cruciale pour l’abordabilité du logement. Cette question de l’abordabilité est d’ailleurs devenue une préoccupation majeure pour beaucoup de gens au Canada.
Comme vous le savez, la SCHL réalise actuellement d'importants investissements fédéraux dans le logement, dans le cadre de la SNL, la première Stratégie nationale sur le logement du Canada.
La SNL est un plan de plusieurs milliards de dollars qui permettra à plus de gens au Canada d’avoir un chez-soi. Elle comprend une série de programmes conçus pour accroître l’offre de logements locatifs abordables partout dans le pays.
Nous constatons de forts progrès par rapport aux cibles de la SNL. Pourtant, nous devons en faire plus. Pour réaliser notre aspiration, nous avons besoin du soutien d’un plus grand nombre d’institutions financières et d’autres partenaires du secteur privé.
C’est pourquoi nous avons fait du thème « Puiser notre force dans nos partenariats en habitation » celui de la Journée nationale de l’habitation, dont la célébration se déroulera du 22 au 26 novembre cette année.
Pour mettre l'enjeu en contexte, soulignons qu'environ 1,7 million de ménages au Canada éprouvent actuellement des besoins en matière de logement. À chaque fin de mois, ces personnes pourraient être obligées de choisir entre payer le loyer, faire l’épicerie ou acheter des vêtements pour leurs enfants.
L’itinérance chronique demeure également un problème grave. Chaque nuit, près de 35 000 personnes au pays peuvent se retrouver en situation d’itinérance.
La pandémie de COVID-19 a mis en évidence – et aggravé – la situation critique des personnes vivant dans des logements précaires. Les plus touchées sont déjà des populations vulnérables : personnes racisées, personnes âgées, femmes et enfants fuyant une situation de violence familiale, travailleurs de première ligne, etc.
Dans nos centres urbains, le problème s’est étendu à la classe moyenne. Les infirmières, enseignants, commerçants, travailleurs de bureau, c’est-à-dire les gens qui font fonctionner nos villes, ne peuvent plus se permettre d’y vivre.
Le prix des habitations continue d’augmenter dans de nombreux centres urbains du pays. Cette tendance était déjà présente avant la COVID-19, mais elle s’est accélérée pendant la pandémie.
Cette situation a des conséquences très concrètes et négatives sur notre économie et notre société.
Premièrement, il est très difficile pour les jeunes d’accéder à la propriété, surtout dans les grands centres urbains, sauf pour ceux qui ont la chance d’avoir des parents capables de contribuer à la mise de fonds.
La hausse du prix des habitations accentue également les inégalités en matière de richesse entre les ménages qui sont propriétaires-occupants et ceux qui ne le sont pas, entre les jeunes et les personnes plus âgées.
De plus, les faibles taux d’intérêt peuvent mener à un surendettement de la part des familles, ce qui accroît leur vulnérabilité financière en cas de choc économique imprévu.
Le coût élevé de l’achat d’une habitation a un effet d’entraînement sur les marchés locatifs, où il est également devenu de plus en plus difficile de trouver un chez-soi abordable et sûr.
Le principal problème qui sous-tend la crise du logement au Canada est que l’offre ne suit pas le rythme de la demande. C’est un problème qui dure depuis des années.
La réponse semble simple : construire plus de logements. Mais c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire.
Certaines villes canadiennes n’ont tout simplement pas de terrains sur lesquels bâtir, souvent en raison de contraintes géographiques.
Les autres obstacles comprennent le zonage restrictif et les politiques d’utilisation des terres, la lenteur des processus de délivrance des permis ainsi que le prix des terrains et les droits d’aménagement élevés.
Ensuite, il y a la question du syndrome « pas dans ma cour ». De nombreux propriétaires-occupants ne veulent pas de nouveaux immeubles dans leur quartier.
En tant que pays, nous devons éliminer ces obstacles et explorer de nouveaux modèles de construction urbaine, car le manque d’abordabilité du logement nuit à tout le monde.
Il érode la croissance économique. Les employeurs ont plus de difficulté à attirer et à retenir les travailleurs dans les régions où le logement est inabordable. Les ménages ont moins de revenus disponibles à consacrer à d’autres biens et services.
Ce manque d’abordabilité du logement nuit à l’inclusion sociale, surtout pour les groupes déjà marginalisés, et entraîne une augmentation de l’itinérance.
Comme je l’ai mentionné plus tôt, il alimente également les inégalités. Les jeunes ont de plus en plus de difficulté à entrer sur le marché de l’habitation.
Il nuit également à l’environnement. L’étalement urbain et les collectivités de faible densité augmentent les émissions de carbone provenant des véhicules et des habitations.
En bref, le manque de logements abordables menace notre vision collective d’une société canadienne inclusive et prospère.
À la SCHL, notre mission est d’ouvrir la voie afin de rendre le logement abordable pour toute la population du Canada. Notre aspiration est de faire que, d’ici 2030, tout le monde au Canada pourra se payer un logement qui répond à ses besoins.
Dans cette noble mission, nous avons la chance d’être bien accompagnés. Nous travaillons avec de nombreux partenaires tout aussi déterminés que nous à faire de l’abordabilité du logement une réalité pour tout le monde au Canada. Cette conférence en est la preuve.
Malgré cela, il est clair que nous devons en faire plus. Cette crise de l’abordabilité du logement nécessite une réponse plus vaste, qui sollicite l'ensemble de la société.
Nous devons travailler avec nos partenaires actuels et avec de nouveaux partenaires, et mobiliser l’ensemble des parties prenantes et des ordres de gouvernement. Nous devons également revoir notre façon de collaborer.
Pour sa part, la SCHL accordera la priorité aux domaines où son action aura la plus forte incidence. En même temps, nous utiliserons la puissance d’action et l’imagination de tiers, y compris du secteur privé, pour réaliser notre aspiration.
Je suis heureuse de vous annoncer que le secteur financier a été parmi les premiers à mettre en place des partenariats avec nous.
La Banque Scotia a été la première des six grandes banques à s’aligner sur l’aspiration de la SCHL. Elle prévoit notamment de mobiliser 10 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie pour élaborer des solutions novatrices d’octroi de prêts, d’investissement et de souscription pour les particuliers, les entreprises et les grandes sociétés qui appuient notre objectif pour 2030.
D’autres prêteurs ont également lancé des programmes particuliers pour soutenir le logement abordable. Ces investissements démontrent un leadership et un engagement poussés, et contribueront à faire avancer nos objectifs vers 2030. Nous espérons que de nombreuses autres banques et institutions financières suivront l’exemple.
Mais d’autres secteurs et entreprises doivent aussi apporter leur contribution. Et pas seulement les grandes entités pesant plusieurs milliards de dollars! Je vais vous donner quelques exemples.
En 2018, la docteure Alina Turner, qui est arrivée au Canada en tant que réfugiée il y a plus de 20 ans, et son mari Travis ont collaboré avec la Ville de Medicine Hat pour lancer HelpSeeker. Cette application relie les personnes dans le besoin aux services sociaux et de soutien dans leur collectivité.
Par exemple, une personne à risque d’itinérance peut faire des recherches dans sa région et trouver un logement avec services de soutien, simplement en utilisant son téléphone. L’application est en cours de développement et de perfectionnement, et un plus grand nombre de collectivités partout au pays commencent à l’adopter.
Les promoteurs immobiliers peuvent aussi apporter leur contribution à notre objectif. À Summerside, une entreprise de construction locale, Arsenault Bros. Construction, a décidé de s’attaquer au problème du très faible taux d’inoccupation en construisant un ensemble de 70 logements. Comme l’entreprise a ciblé l’abordabilité, une grande partie des logements sont offerts à des prix inférieurs à ceux du marché.
À moins d’une semaine du jour du Souvenir, la Maison des anciens combattants est un autre excellent exemple, avec l’immeuble Andy Carswell à Ottawa. Dirigé par l’Initiative multiconfessionnelle sur l’habitation, cet ensemble de 40 logements avec services de soutien est le premier du genre au Canada, conçu expressément pour répondre aux besoins uniques des anciens combattants.
D’ailleurs, ces ensembles ont bénéficié du soutien de la SCHL par la Stratégie nationale sur le logement.
Je terminerai donc mon allocution d’aujourd’hui par un défi, un appel à l’action. Que fait votre entreprise, ou que peut-elle faire, pour contribuer à résoudre la crise du logement au Canada? Quelles idées novatrices pouvez-vous présenter afin d'alimenter le mouvement qui prend de l'ampleur partout dans le pays?
Merci de m’avoir invitée aujourd’hui et d’avoir pris le temps de découvrir pourquoi la SCHL mène ses activités avec tant de passion. Si vous souhaitez savoir comment vous pouvez soutenir notre travail à l'échelle nationale, je vous encourage à participer à l’une de nos activités de la ournée nationale de l’habitation.
Merci.