Les simulations de crise que la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) applique à ses propres niveaux de capitaux et de liquidités montrent que les mesures prises par le gouvernement et la direction de la SCHL atténuent les répercussions d’un éventail de scénarios de pandémie.
Ces scénarios, présentés uniquement à des fins d’essai, ne sont ni des prédictions ni des prévisions.
En tant que force stabilisatrice du système de logement du Canada, la SCHL joue un rôle de gestionnaire de risques responsable, qui consiste à rechercher des situations extrêmes, voire presque inimaginables, et à examiner dans quelle mesure nous pouvons y réagir et y résister.
Cette année, l’exercice de simulation de crise est unique et diffère des années précédentes en ce sens où il portait sur une vraie crise qui évoluait en temps réel. Cet exercice a exigé de la souplesse et de la créativité alors que nous avons changé nos modèles de simulation de crise pour examiner des scénarios de pandémie avec divers degrés de vraisemblance et de gravité, alors même que les évènements se déroulaient.
Pendant la crise, la SCHL a pris plusieurs mesures coordonnées afin de soutenir la stabilité financière, notamment en lançant des produits pour répondre à la crise et en suspendant temporairement le versement de dividendes. L’exercice de simulation de crise a permis de valider l’importance de ces mesures et leur incidence positive sur la stabilité du marché de l’habitation.
Plusieurs scénarios de pandémie, y compris une analyse de sensibilité relative aux principales variables macroéconomiques, ont été exécutés entre le premier trimestre et le troisième trimestre de 2020. Ces scénarios ont tenu compte de différents niveaux de gravité ainsi que de la vitesse et de la forme de la reprise. Les répercussions de ces scénarios se répartissent en deux catégories distinctes : plausibles et invraisemblables, avec des degrés de gravité variables. Étant donné que cet exercice a été réalisé entre le premier et le troisième trimestre de 2020, les résultats n’incluent pas les données disponibles à partir de ce moment jusqu’à la date de publication.
Plausible :
- Reprise en U (modérée)
Dans ce scénario, les mesures de lutte contre la pandémie se sont avérées fructueuses et l’activité économique a connu une baisse abrupte, mais brève, avant de rebondir relativement rapidement. Le scénario suppose une baisse cumulative de 7 % du PIB, du sommet au creux. Il s’agit du scénario le moins grave. - Reprise en W avec de l’aide gouvernementale (grave)
Ce scénario suppose une reprise partielle, suivie d’un retour d’éclosions de COVID-19, d’une perte de confiance et d’une récession prolongée. L’intervention du gouvernement limite les conséquences. Cela suppose une baisse marquée et immédiate des cours des titres de capitaux propres et du pétrole, la faillite de quatre institutions financières de taille moyenne et d’un assureur hypothécaire privé. - Reprise en W avec de l’aide gouvernementale et une cyberattaque (grave)
- Ce scénario suppose également une reprise en W (bien qu’avec des hypothèses économiques moins graves que le scénario de reprise en W avec du soutien gouvernemental) combinée à une cyberattaque. Le but consistait à évaluer l’incidence d’une cyberattaque imminente contre le système financier pendant des éclosions de COVID-19.
Invraisemblable :
- Reprise en W sans soutien gouvernemental (très grave)
- Cette simulation reprend le scénario de reprise en W avec du soutien gouvernemental décrit ci-dessus, mais ne suppose aucune intervention gouvernementale. L’objectif visait à évaluer l’effet atténuant du soutien gouvernemental sur les entreprises et les personnes afin de mieux refléter une version critique de la situation actuelle.
Résultats :
- La SCHL demeurerait solvable et bien capitalisée dans tous les scénarios, à l’exception du scénario très grave. Dans ce scénario, la SCHL devrait avoir recours à son plan de recapitalisation.
- Dans chacun des scénarios, la SCHL conserve l’accès à des liquidités suffisantes pour respecter ses obligations en matière d’assurance et de cautionnement de paiement périodique.
- La fourchette des pertes estimatives en assurance prêt hypothécaire pour la période de 10 ans comprise entre 2020 et 2029 se situe entre 3,61 et 15,30 milliards de dollars. Cette vaste fourchette reflète les diverses hypothèses formulées dans les scénarios et le degré élevé d’incertitude quant aux résultats. Le pourcentage de prêts hypothécaires reportés qui sont recouvrés représente aussi un autre facteur important pour estimer les pertes futures.
- La forme de la reprise et la disponibilité de l’aide gouvernementale détermineront les résultats économiques. Comparativement aux projections de base, la deuxième vague de COVID-19 pourrait entraîner des risques beaucoup plus élevés. Nos modèles indiquent que l’incidence de ces risques peut varier selon l’emplacement géographique de l’emprunteur, le type d’emploi et le type de logement, par exemple :
- Les prêts des provinces productrices de pétrole présentent un risque plus élevé que ceux des autres régions du pays.
- Les emprunteurs des secteurs des services ont affiché les taux de pertes simulées les plus élevés. Les emprunteurs des secteurs de la technologie, de l’éducation et de l’administration publique devaient obtenir de meilleurs résultats que les autres.
- Une analyse récente des prix des logements montre que les copropriétés, bien qu’elles ne constituent que 10 % du portefeuille, représentent près de 70 % des prêts dont le capital risque d’excéder la valeur de l’habitation. Cette situation est surtout attribuable à la forte baisse des prix des copropriétés à Calgary et à Edmonton.
La SCHL poursuit une surveillance étroite de l’évolution de la situation concernant la pandémie de COVID-19 et des risques liés au marché de l’habitation. Nous continuerons de jouer notre rôle d’autorité en matière d’habitation au Canada et de contribuer à la stabilité du marché de l’habitation et du système financier tout en offrant un soutien constant aux Canadiens qui éprouvent des besoins en matière de logement.
Le tableau ci-dessous présente, pour chaque scénario, les hypothèses (variation des prix des logements et sommet du taux de chômage) et les résultats (pertes et creux du niveau de capital disponible). Les résultats supposent des mesures de gestion, décrites plus en détail dans le document d’information.
Pour la période 2020 - 2029 | Scénario de base | Reprise en U (modérée) | Reprise en W avec un soutien gouvernemental (grave) | Reprise en W avec un soutien gouvernemental et une cyberattaque (grave) | Reprise en W sans soutien gouvernemental (très grave) |
---|---|---|---|---|---|
Cumul des pertes sur règlements – Assurance | 3 610 $ | 9 664 $ | 9 120 $ | 8 417 $ | 15 295 $ |
Creux du capital disponible (% selon le TSAH)** | 203,0 % | 157,3 % | 117,7 % | 174,2 % | -62,7 % |
Variation dans les prix des logements (du sommet au creux) | -13,7 % | -33,9 % | -31,8 % | -36,82 % | -47,9 % |
Durée avec diminution des prix des logements (trimestres) | 5 | 8 | 11 | 8 | 12 |
Sommet du taux de chômage | 18,9 % | 14,8 % | 24,2 % | 24,1 % | 25,0 % |
Durée avec augmentation du taux de chômage (trimestres) | 3 | 6 | 5 | 4 | 3 |
* En milliards de dollars, sauf indication contraire
** Le test de suffisance du capital pour les assureurs hypothécaires (TSAH) est le ratio du capital disponible sur le capital réglementaire requis pour l’assurance prêt hypothécaire. Si un assureur avait un TSAH en deçà de 100 %, il pourrait ne plus être autorisé à exercer ses activités de souscription. Bien qu’un TSAH inférieur à 0 % indique généralement une insolvabilité, la SCHL demeure solvable à l’échelle de l’entreprise dans le scénario de reprise en W sans soutien gouvernemental (très grave) grâce aux transferts de capitaux entre les secteurs d’activité.
Citation :
« Alors que nous continuons de composer avec les répercussions de la pandémie de COVID-19, il est important de suivre l’évolution des risques financiers auxquels font face les marchés canadiens de l’habitation, y compris une reprise économique inégale qui touche les populations les plus vulnérables. Les exercices de simulation de crise comme ceux-ci sont essentiels à une gestion efficace des risques et d’une importance vitale pour la santé et la stabilité à long terme du système canadien de financement de l’habitation. »
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Document d’information et définitions :
- La SCHL respecte les lignes directrices établies par le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) en ce qui concerne la simulation de crise. Elle élabore aussi ses propres scénarios de simulation de crise pour la planification de ses activités.
- Les variables qui sous-tendent chacun des scénarios de simulation de crise ont été établies à partir d’une modélisation des hypothèses combinée à une analyse économique historique.
- La variation des prix des logements du sommet au creux décrit le point le plus élevé et le point le plus bas des prix des logements pendant la période de prévision du scénario de crise.
- Les mesures de gestion pourraient comprendre la suspension du dividende, le transfert de capitaux des activités de financement hypothécaire à l’assurance prêt hypothécaire, l’accès au Programme d’emprunt des sociétés d’État (PESE) élargi ou l’accroissement des pouvoirs de recapitalisation.
Demandes de renseignements des médias :
Leonard Catling
Relations avec les médias, SCHL
604-787-1787
lcatling@cmhc-schl.gc.ca