Kevin Hughes
Économiste en chef adjoint
En tant qu'économiste en chef adjoint, Kevin Hughes fait partie d'une équipe d'économistes et de chercheurs dans le domaine du logement qui s'efforcent d’améliorer notre compréhension, au Canada, des facteurs favorables et défavorables sur les marchés de l’habitation et de leur incidence sur l’abordabilité. Kevin est aussi membre d'une équipe nationale diversifiée de chercheurs et d'analystes qui étudient les obstacles à l'offre de logements et les solutions possibles.
Toujours très attendus, les résultats de l’Enquête sur les logements locatifs de la SCHL donnent une vue complète des conditions actuelles dans ce segment du marché, qui est plus important que jamais.
En plus d’offrir ce portrait global, les résultats de l’enquête de 2022 nous ouvrent les yeux sur de nouvelles perspectives.
Grâce à des améliorations à la méthode d'enquête, nous avons une vision plus précise des enjeux futurs de l’habitation au Canada : l’accès au logement abordable et l’offre dans les années à venir.
Le marché se resserre dans de nombreux centres
Selon les résultats de l’enquête de 2022, le marché locatif se resserre et les loyers augmentent dans beaucoup de centres urbains au Canada. Cette conjoncture du marché s’explique par des dynamiques bien connues :
- La demande s’est intensifiée, car l’immigration a recommencé à croître et les marchés de l’emploi sont vigoureux.
- L’offre n’a pas suivi la demande, malgré une hausse de la construction.
- Les taux d’intérêt ont augmenté, ce qui a réduit l’accès à la propriété chez de nombreux locataires.
À court terme, on pourrait s’attendre à ce que les forces du marché rétablissent un certain équilibre entre l’offre et la demande. Il faut toutefois se demander si, à elles seules, ces forces sont suffisantes en ce moment. Si le manque d’intérêt actuel des investisseurs pour le secteur du logement locatif persiste, la pénurie de logements locatifs risque de s’accentuer davantage.
Deux nouveaux indicateurs soulèvent des préoccupations supplémentaires
Pour avoir un portrait plus réaliste et approfondi des phénomènes du marché locatif au Canada, la SCHL a ajouté deux indicateurs à son enquête en 2022.
Le premier indicateur mesure la part des logements qui sont abordables pour les locataires dans le quintile (20 %) des revenus les plus faibles. Pour qu’un logement soit considéré comme abordable, son loyer doit être inférieur à 30 % du revenu avant impôt du ménage.
Ce que nous révèle cette première mesure est pour le moins préoccupant. Comme le montre la figure ci‑dessous, les ménages les moins nantis ont accès à une très faible part du parc locatif. Dans les grands centres, exception faite de Québec et de Montréal, la part du marché qui est abordable pour les ménages à faible revenu est inférieure à 5 %. Elle se chiffre à 1 % à Vancouver et est quasi nulle dans les villes de l’Ontario.