Menée par la SCHL et par Statistique Canada, l’Enquête canadienne sur le logement fournit des renseignements sur une grande variété de sujets liés au logement. Le présent article décrit de nouvelles observations sur les besoins impérieux en matière de logement et l’abordabilité du logement, tirées des résultats de l’enquête de 2022.
Faits saillants
- La fréquence des besoins impérieux en matière de logement est demeurée relativement stable de 2018 à 2022. Les locataires ont continué d’éprouver de plus grandes difficultés que les propriétaires.
- Les ménages racisés et les ménages autochtones étaient plus susceptibles que l’ensemble des ménages d’avoir des besoins impérieux en matière de logement.
- Le pourcentage de ménages au Canada ayant déclaré avoir souvent ou parfois eu des difficultés financières en raison de la hausse des loyers ou des paiements hypothécaires a presque doublé de 2018 à 2022.
Les problèmes d’abordabilité persistent au Canada
La fréquence des besoins impérieux en matière de logement est revenue à ses niveaux d’avant la pandémie dans les 10 provinces visées par l’Enquête canadienne sur le logement1. Les ménages ayant des besoins impérieux en matière de logement occupent un logement inabordable, de qualité non convenable ou de taille non convenable. Ils n’ont pas non plus les moyens d’obtenir un logement de qualité et de taille convenables dans leur collectivité.
En 2018 et en 2022, le taux global de ménages ayant des besoins impérieux en matière de logement est resté à peu près stable, autour de 11 % (11,3 % et 11,6 %, respectivement). En 2021 cependant, il est descendu brièvement à 9,8 %, en raison des prestations liées à la COVID-19. La Prestation canadienne d’urgence avait alors fourni un soutien financier temporaire aux personnes dont l’emploi était directement touché par la pandémie.
En 2022, la fréquence des besoins impérieux en matière de logement était généralement plus élevée chez les locataires que chez les propriétaires. En effet, 22,1 % des locataires éprouvaient de tels besoins, contre 6,1 % des propriétaires. C’est parmi les locataires de logements sociaux et abordables que le pourcentage de ménages en situation de besoins impérieux était le plus élevé, à 30,8 %. Près du tiers de ces ménages avaient des besoins impérieux en matière de logement.
2018 | 2021 | 2022 | |
---|---|---|---|
Tous les ménages | 11,3 % | 9,8 % | 11,6 % |
Locataires | 22,5 % | 19,7 % | 22,1 % |
Locataires de logements sociaux et abordables | 31,9 % | 26,5 % | 30,8 % |
Locataires de logements locatifs du marché | 21,0 % | 18,7 % | 20,9 % |
Propriétaires | 6,1 % | 5,1 % | 6,1 % |
Source : SCHL, adapté de l’Enquête canadienne sur le logement, 2018, 2021 et 2022 (Statistique Canada)
Les problèmes d’abordabilité sont la principale cause des besoins impérieux en matière de logement chez les ménages
Un logement est inabordable si le ménage qui l’occupe consacre 30 % ou plus de son revenu avant impôt aux frais de logement.
Un logement est de qualité non convenable s’il nécessite des réparations majeures.
Un logement est de taille non convenable s’il n’a pas assez de chambres compte tenu de la taille et de la composition du ménage.
En 2022, les ménages avaient des besoins impérieux en matière de logement pour différentes raisons :
- dans 88,4 % des cas, l’abordabilité était un facteur;
- dans 16,8 % des cas, la qualité du logement était un facteur;
- dans 9,7 % des cas, la taille du logement était un facteur.
Norme(s) de logement non respectée(s) | % des ménages ayant des besoins impérieux en matière de logement |
---|---|
Abordabilité seulement | 74,8 % |
Abordabilité et qualité | 8,6 % |
Qualité seulement | 7,0 % |
Abordabilité et taille | 4,4 % |
Taille seulement | 4,1 % |
Taille et qualité | 0,6 % |
Abordabilité, qualité et taille | 0,6 % |
Source : SCHL, adapté de l’Enquête canadienne sur le logement, 2022 (Statistique Canada)
Les chiffres ayant été arrondis, la somme des pourcentages pourrait ne pas égaler 100.
Les ménages racisés sont plus susceptibles que les autres d’avoir des besoins impérieux en matière de logement
Les ménages racisés2 sont plus susceptibles d’être aux prises avec des besoins impérieux en matière de logement, par rapport à l’ensemble des ménages. En 2022, 14,1 % des ménages racisés avaient de tels besoins, contre 11,6 % de tous les ménages. Cependant, la fréquence des besoins variait selon le groupe d’appartenance des ménages.
Group | Percentage |
---|---|
Tous les ménages | 11,6 % |
Ménages racisés3 | 14,1 % |
Asiatiques du Sud | 12,8 % |
Chinois | 14,6 % |
Noirs | 18,3 % |
Philippins | 6,3 % |
Latino-Américains | 8,4 % |
Arabes | 13,2 % |
Asiatiques du Sud-Est | 15,4 % |
Asiatiques occidentaux | 27,7 % |
Coréens | 26,9 % |
Japonais | X |
Groupes racisés non inclus dans une autre catégorie* | X |
Groupes racisés multiples | 19,1 % |
Ménages non racisés | 10,7 % |
Source : SCHL, adapté de l’Enquête canadienne sur le logement, 2022 (Statistique Canada)
X : données supprimées pour respecter les exigences en matière de confidentialité énoncées dans la Loi sur la statistique.
*Englobe les personnes qui ont fourni une réponse écrite désignée comme étant une minorité visible, mais qui ne peut pas être classée ailleurs.
Les ménages autochtones sont plus susceptibles que les autres d’avoir des besoins impérieux en matière de logement
Les ménages s’étant identifiés dans l’enquête comme étant des Autochtones étaient eux aussi plus susceptibles d’éprouver des besoins impérieux en matière de logement, par rapport à l’ensemble des ménages. En 2022, 17,9 % des ménages autochtones avaient de tels besoins, contre 11,6 % de l’ensemble des ménages.
2018 | 2021 | 2022 | |
---|---|---|---|
Tous les ménages | 11,3 % | 9,8 % | 11,6 % |
Autochtones4 | 16,2 % | 15,1 % | 17,9 % |
Non-Autochtones | 11,1 % | 9,6 % | 11,3 % |
Source : SCHL, adapté de l’Enquête canadienne sur le logement, 2018, 2021 et 2022 (Statistique Canada)
La Colombie-Britannique et l’Ontario avaient les plus forts taux de ménages aux prises avec des besoins impérieux en matière de logement
En 2022, c’est en Colombie-Britannique et en Ontario que les pourcentages de ménages en situation de besoins impérieux en matière de logement étaient les plus élevés, à 16,0 % et 14,5 %. Le Québec avait le taux le plus faible, soit 5,5 %. À l’échelle des villes, Toronto et Vancouver enregistraient les plus hauts taux de ménages ayant des besoins impérieux en matière de logement, soit 17,4 % et 17,3 %. À l’opposé, les ménages de la ville de Québec affichaient le taux le plus bas, c’est-à-dire 4,1 %.
De 2018 à 2022, les pourcentages de ménages ayant des besoins impérieux en matière de logement ont augmenté dans la plupart des provinces, sauf à l’Île-du-Prince-Édouard, au Québec et en Saskatchewan. La Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick ont connu la plus forte hausse, soit 1,9 point de pourcentage dans les deux cas. Parmi les villes, Kitchener et Hamilton arrivaient en tête, avec des augmentations respectives de 3,1 et de 2,7 points de pourcentage.
2018 | 2021 | 2022 | |
---|---|---|---|
Canada (provinces seulement) | 11,3 % | 9,8 % | 11,6 % |
Terre-Neuve-et-Labrador | 8,9 % | 7,4 % | 9,4 % |
St. John’s | 9,6 % | 7,1 % | 9,5 % |
Île-du-Prince-Édouard | 8,9 % | 7,2 % | 6,5 % |
Nouvelle-Écosse | 11,0 % | 9,9 % | 12,9 % |
Halifax | 12,7 % | 10,6 % | 13,1 % |
Nouveau-Brunswick | 7,3 % | 5,9 % | 9,2 % |
Moncton | 8,5 % | 6,3 % | 10,9 % |
Québec | 7,2 % | 6,0 % | 5,5 % |
Montréal | 9,1 % | 7,3 % | 6,7 % |
Québec | 5,2 % | 5,0 % | 4,1 % |
Ontario | 13,4 % | 11,9 % | 14,5 % |
Toronto | 18,2 % | 15,3 % | 17,4 % |
Ottawa | 9,5 % | 10,0 % | 11,7 % |
Hamilton | 10,8 % | 11,5 % | 13,5 % |
Kitchener | 9,3 % | 9,7 % | 12,4 % |
Manitoba | 10,9 % | 10,3 % | 12,0 % |
Winnipeg | 11,7 % | 11,6 % | 12,4 % |
Saskatchewan | 11,7 % | 10,3 % | 9,5 % |
Saskatoon | 10,3 % | 9,3 % | 8,3 % |
Regina | 11,3 % | 9,5 % | 10,2 % |
Alberta | 10,2 % | 9,0 % | 11,3 % |
Calgary | 9,9 % | 8,2 % | 10,0 % |
Edmonton | 11,4 % | 9,5 % | 12,1 % |
Colombie-Britannique | 14,8 % | 12,5 % | 16,0 % |
Vancouver | 17,9 % | 15,0 % | 17,3 % |
Source : SCHL, adapté de l’Enquête canadienne sur le logement, 2018, 2021 et 2022 (Statistique Canada)
Le pourcentage de ménages ayant d’importantes difficultés financières en raison des frais de logement est en hausse
L’Enquête canadienne sur le logement permet de savoir si les ménages canadiens ont des difficultés financières et quelles en sont les conséquences sur leur vie. Les répondants peuvent entre autres indiquer s’ils ont les moyens de payer leurs frais de logement et les autres dépenses essentielles.
En 2022, la majorité des personnes ont indiqué que leur ménage n’avait pas eu de difficultés financières importantes au cours des 12 mois précédents en raison de la hausse des loyers ou des paiements hypothécaires. C’était vrai pour 87,7 % des ménages en 2018 et pour 77,2 % des ménages en 2022.
Cependant, le pourcentage de ménages ayant déclaré avoir souvent ou parfois eu des difficultés financières en raison de la hausse des loyers ou des paiements hypothécaires a presque doublé de 2018 à 2022. Il est passé de 12,2 à 22,6 %. Ce changement s’est produit à une période marquée par l’augmentation du coût de la vie, y compris par des frais de logement élevés, dans bien des régions du pays5 6 7.
2018 | 2022 | |
---|---|---|
Oui, souvent | 2,8 % | 6,1 % |
Oui, parfois | 9,4 % | 16,5 % |
Non | 87,7 % | 77,2 % |
Source : SCHL, adapté de l’Enquête canadienne sur le logement, 2018 et 2022 (Statistique Canada)
Les chiffres ayant été arrondis, la somme des pourcentages pourrait ne pas égaler 100.
Au sujet de l’Enquête canadienne sur le logement
L’Enquête canadienne sur le logement est produite conjointement par la SCHL et par Statistique Canada. Elle vise à recueillir des données sur les besoins, les conditions et les expériences en matière de logement des personnes vivant au Canada. Elle a été introduite en 2018 dans le cadre de la Stratégie nationale sur le logement pour combler des lacunes importantes dans les données. Ces lacunes concernaient les personnes qui occupent des logements sociaux et abordables et certains groupes vulnérables ayant de la difficulté à répondre à leurs besoins de logement.
L’Enquête canadienne sur le logement est une source unique d’information sur de nombreux sujets. Elle nous renseigne entre autres sur les listes d’attente pour les logements hors marché, l’expérience des évictions et l’incidence du logement sur le bien-être des gens. L’enquête fournit également des estimations des besoins impérieux en matière de logement entre les cycles du recensement. Elle aide ainsi à constater plus rapidement les tendances persistantes ou émergentes. Cette enquête, qui en est à son troisième cycle (2022), continue de fournir aux chercheurs, aux responsables des politiques, aux spécialistes du secteur de l’habitation et au public des données pertinentes pour éclairer les décisions en matière de logement.
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1 Les estimations pour le Canada tirées des résultats de l’Enquête canadienne sur le logement de 2022 portent seulement sur les 10 provinces.
2 Les « ménages racisés » sont ceux dont le répondant à l'enquête (la personne la mieux informée des décisions sur le logement) s'identifie comme faisant partie d'une minorité visible. On entend par minorité visible le fait qu'une personne appartienne ou non à une minorité visible, selon la définition de la Loi sur l'équité en matière d'emploi.
3 Ces estimations reflètent l’identité de la personne ayant répondu à l’enquête. Les ménages autochtones ne sont pas inclus dans la catégorie des ménages racisés.
4 Les « ménages autochtones » sont ceux dont le répondant à l'enquête (la personne la mieux informée des décisions sur le logement) s'identifie comme membre des Premières Nations (hors réserve), Métis ou Inuit. Ces ménages doivent vivre dans une des 10 provinces.
5 https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11-631-x/11-631-x2023003-fra.htm
6 https://www.cmhc-schl.gc.ca/lobservateur-du-logement/2024/pression-financiere-croissante-epuise-epargne-proprietaires
7 https://www.cmhc-schl.gc.ca/lobservateur-du-logement/2024/faibles-taux-inoccupation-preoccupations-liees-abordabilite-2023-marche-locatif-canada